Histoire et Géographie

Portail des Outre-mer de France Info : La restitution des restes humains, le revers de l’Histoire

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Emission : La restitution des restes humains, le revers de l’Histoire

Date : 30 Novembre 2023

Invitées : Corinne Toka-Devilliers, présidente de l’association Moliko Alet+Po qui milite pour la restitution aux communautés amérindiennes de Guyane des restes des Kali’na exhibés au Jardin d’acclimatation à la fin du XIXème siècle.

Klara Boyer-Rossol, historienne de l’Afrique, spécialiste de Madagascar et de l’Océan Indien qui a passé des années à identifier les restes humains qui reposent dans les établissements publics français.

Catherine Morin Dessailly, sénatrice de Seine-Maritime, à l’origine de la loi sur les restitutions des restes humains appartenant aux collections publiques.

Lien d’accès.

Résumé : Collectés par les naturalistes et au cours des conquêtes coloniales, des milliers de restes, entiers ou fragmentaires, sont aujourd’hui dissémines dans les collections des musées nationaux et des universités. Un travail colossal d’identification devrait être accompli afin de les restituer à leurs descendants, dont une partie vit aujourd’hui dans l’Outre-mer français (Nouvelle Calédonie, Polynésie, Guyane…). De nombreux obstacles s’y opposent actuellement.

Tout d’abord, les établissements publics ne disposent pas des moyens suffisants pour accomplir le récolement de ces restes. Ceux-ci sont par ailleurs considérés comme des biens publics inaliénables. Leur restitution nécessite une procédure préalable de déclassement. De plus, seuls les États étrangers sont autorisés à formuler les demandes de restitution, comme ce fut le cas en 2002, pour rendre la dépouille de Saartjie Baartman, dite la « Vénus Hottentote » à l’Afrique du Sud, et en 2010, pour restituer des têtes maories à la Nouvelle-Zélande. Certains de ces restes proviennent par ailleurs de peuples qui vivaient dans des États qui n’existent plus, ou qui sont dispersés aujourd’hui sur plusieurs États. C’est le cas des Kali’na qui vivent entre la Guyane française et le Surinam.

Un rapport devrait être fourni d’ici un an pour aboutir à un nouveau projet de loi et faciliter les procédures de restitutions. Les enjeux sont historiques, politiques, éthiques et mémoriels. La présence de ces restes (estimés au moins à 24 000) est intimement liée à l’histoire coloniale et au développement d’une idéologie visant à hiérarchiser les humains (anthropologie « des races »). Certains de ces restes proviennent d’humains exhibés au Jardin d’acclimatation à la fin du XIXème siècle. Pour les descendants, cette restitution s’inscrit dans une démarche de réparation, de paix et d’apaisement. Elle souligne aussi le besoin de se réapproprier une part de leur histoire.

Intérêt pédagogique :

Terminale HGGSP

Thème 3 : Histoire et mémoires

Article de Cécile Borghino

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