Histoire et Géographie

Les mondes de l’esclavage; une histoire comparée - Présentation de l'ouvrage

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Lundi 20 décembre 2021, dans l’amphithéâtre Lapointe de l’Université des Antilles, des étudiants, enseignants ou simples curieux ont eu le plaisir de recevoir Cécile VIDAL, directrice d’étude à l’EHESS, Paulin ISMARD, professeur d’histoire ancienne à l’université Aix-Marseille et Pierre SINGARAVELOU, professeur d’histoire à King’s College de Londres. Ces derniers ont fait le déplacement pour nous présenter leur ouvrage Les mondes de l’Esclavage, paru en septembre 2021 aux éditions du Seuil.

 

Après une introduction des membres de l’Université, sur les enjeux du savoir et de la connaissance dans notre contexte de crise sociale et sanitaire, les intervenants ont présenté les enjeux multiples de l’ouvrage.

Cette production regroupant une cinquantaine d’historiennes et d’historiens de nationalités différentes, a l’ambition selon Paulin Ismard, de rompre avec une tradition historiographique de la question de l’esclavage centrée sur l’espace Atlantique. Les auteurs proposent ainsi des études comparées sur le temps long pour questionner les permanences, les mutations mais aussi les possibles configurations exceptionnelles.

Paulin Ismard a débuté la présentation en rendant hommage à la société civile qui s’est emparée et continue de s’emparer de ces questions mémorielles depuis la fin du XXe siècle. Selon lui, ces questions de mémoires, dans leurs formes multiples, ne sont pas antagonistes au travail de l’historien mais l’aident au contraire à interroger la construction des récits.

Cécile Vidal est revenue sur quelques définition préalables. Qu’est-ce que l’esclavage ? Existe-t-il un invariant à travers le temps ? Quelles sont les formes concrètes de domination et de résistance dans un contexte esclavagiste ? Voilà tout l’objet de leur réflexion. 

Au regard du droit, l’esclavage est souvent défini comme la mise en propriété d’individus. L’auteure a rappelé que cette idée est toutefois limitée car le concept de « propriété » diffère d’une société et d’une époque à une autre. C’est ainsi que les auteurs ont souhaité enrichir cette définition juridique traditionnelle par des approches plus sociologiques.

Madame Vidal a ainsi montré que cette forme de domination pouvait se définir comme une capacité à « désocialiser » les individus en créant de l’exclusion. Cette définition met en lumière la vulnérabilité que connaissaient ces enfants, ces hommes et ces femmes – majoritaires numériquement –  réduits à l’état d’esclaves.

Evoquant les types de justifications apportées à l’esclavage, Paulin Ismard a rappelé que chaque société esclavagiste s’est employée à « altériser » ces personnes réduites à l’état d’esclaves en s’appuyant sur diverses justifications. Si pour le cas des Amériques du XVIIIe, la couleur de peau était un élément de différenciationà Constantinople au XIe siècle, où le statut d’eunuque mettait en position inférieure de troisième sexe.

Dans une approche concrète et partant des acteurs, Cécile Vidal a souligné les différents accommodements existants dans le contexte esclavagiste. Elle a par exemple montré que dans les Amériques, il existait des réalités urbaines peu connues et très différentes de l’habituel système plantationnaire.

A travers cette contribution de plus de 1000 pages, les auteurs ont l’ambition de décentrer les regards en proposant une histoire mondiale « par le bas » permettant ainsi de changer de perspective. Ce changement de paradigme permettra selon Pierre Singaravélou, de « bouleverser les grands récits traditionnels » sur ces questions.

CR par A. Garrush 

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Les mondes de l'esclavage - Une histoire comparée

Avec plus de 50 auteurs et autrices de 15 nationalités différentes.
Épilogue par Léonora Miano, écrivaine et essayiste.
Conclusion par Orlando Patterson, sociologue et professeur à Harvard University.
Direction d’ouvrage : Paulin Ismard, historien, professeur d’histoire ancienne à l’université Aix-Marseille.
Coordination : Benedetta Rossi, historienne et anthropologue, professeure à University College de Londres, et Cécile Vidal, historienne, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.

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