Histoire et Géographie

Le cours de l'histoire : Des cartoons contre les nazis, quand le dessin animé fait de la propagande

Publié le

Série : Dessin animé, une histoire

Date : Episode du mercredi 25 octobre

Auteur : Xavier Mauduit

Invités : Pierre Cras, historien spécialiste du cinéma d’animation et de la culture populaire américaine et Marion Poirson-Dechonne universitaire en étude cinématographique à Montpellier.
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Résumé : L’émission rappelle que la Seconde Guerre mondiale est un moment important de la diffusion des dessins animés, malgré les restrictions que connaissent les entreprises. Mais l’usage des dessins animés est antérieur, avec des diffusions accessibles au public dès les années 1920. L’émission permet de mettre face à face la production étasunienne et la production soviétique. Les dessins d’animation, dessins animés, les cartoons sont des outils majeurs de la propagande. Propagande ainsi définie : La propagande c’est véhiculer des idées qui conviennent au pouvoir, à la société. Il existe des propagandes, la propagande politique qui est l’apanage des États ou des institutions avec une manifestation verticale, avec des arguments politiques et une répression. Et une propagande sociologique qui fonctionne plus en douceur et par imprégnation dont font partie les dessins animés. 

La Première Guerre mondiale, est un moment de faible production pour des raisons techniques : ce sont les débuts mais aussi pour des raisons de contexte car les Etats-Unis s’engagent tardivement dans la guerre (avril 1917) et donc dans la production et diffusion de dessins animés de propagande. On trouve par exemple : le nauvrage du Lusitania de Windsor McCay un cartoon de propagande anti allemand.

Au même moment en Russie, Ladislas Starewitch avec le lys de Belgique en 1915 dénonce l’occupation de la Belgique par les allemands. C’est de la propagande anti-guerre.

Les années 1930 sont une décennie charnière aux Etats-Unis avec la grande dépression. Le cinéma est alors le divertissement numéro un et les dessins animés en font partis, car ils sont diffusés au cinéma avant les longs métrages. Il existe des cartoons qui vendent l’idée du New Deal de Roosevelt. C’est le cas d’Oswald l’ancêtre de Mickey, qui fait de la propagande dans Confidence en 1933 https.

En URSS, le cinéma est vu comme une solution de diffusion de la propagande car elle permet de diffuser un certain nombre d’idées à de nombreuses personnes. Dès les années 1920 avec par exemple jouets soviétiques de Dziga Vertov en 1924 qui critique les capitalistes. Dans la diffusion de l’idéologie communiste, on trouve aussi des vidéos valorisant les femmes, c’est le cas avec par exemple Vavila le terrible et Tante Arina de Olga et Nikolai Khodatayev en 1928 pour la journée des femmes, qui montre aux paysannes comment se libérer.

La Seconde Guerre mondiale est le moment de l’explosion du dessin animé de propagande. Cela se voit dès l’entrée en guerre des Etats-Unis le 8 décembre 1941, avec la création d’un organisme fédéral chargé de cette mise en œuvre : office of war information dès 1942. La production est très importante, et parmi les cartoons emblématiques on retrouve Der Fuehrer’s face en 1943 reconnu institutionnellement et qui a obtenu un oscar. Donald Duck fait un cauchemar, qui le projette dans un pays nazi. Il doit supporter les privations, la propagande hitlérienne et travailler jour et nuit dans une usine de munitions pour soutenir l’effort de guerre national. Terrifié, Donald finit par se réveiller dans son lit, vêtu d’un pyjama aux couleurs du drapeau américain, et s’exclame, soulagé : "Comme je suis heureux d’être citoyen des États-Unis d’Amérique !" Le modèle libéral et démocratique américain est ainsi opposé au totalitarisme nazi.

Si en URSS c’est uniquement l’État qui est à l’origine des commandes, aux Etats-Unis cela est un peu différent car il existe de grands studios qui participent aussi comme les studios Disney et Warner.

Il existait un corps de l’armée étasunienne rattaché à l’armée de l’air entièrement composée de professionnels du cinéma, qui a été actif avec plus de 400 films de propagande, avec une division pour le cartoon. Cela montre l’implication de l’État fédéral. Notamment des dessins animés pour la formation des soldats. Le studio de la Warner participe également activement avec private SNAFU, une série de 26 épisodes pour former les nouveaux soldats recrutés, qui sont très jeunes. En effet il faut qu’ils adhèrent rapidement à certaines valeurs et qu’ils adoptent de bons comportements :  on peut donc parler de propagande car y a une volonté d’influencé les soldats. Le petit soldat sans grade du dessin animé commet toutes les erreurs possibles le mettant dans des situations catastrophiques. Cette série permet de transmettre rapidement les procédures, avec une adoption et une adhésion rapide par les spectateurs par les émotions et le rire.

La guerre froide est aussi un moment de production cinématographique. On peut le voir avec le film le millionnaire 1963 où un Bouledogue hérite de sa riche propriétaire millionnaire.  C’est une critique communiste du modèle capitaliste étasunien, par le comportement irrespectueux de ce chien. Aux Etats-Unis, la propagande des cartoons est modifiée, car elle vise moins les individus par rapport à la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des idées plus générales qui sont diffusées. Les cartoons renvoient dos à dos les valeurs et les idées américaines et communistes, opposant toujours les libertés contre la contrainte.

L’émission aborde d’autres et nombreux exemples mettant toujours face à face deux sources, deux productions du cinéma d’animation de propagande qui utilisent souvent les mêmes ressorts : la comédie, l’animalisation… Et des objectifs similaires : unir les populations face à un adversaire.

Intérêt pédagogique :

3e

Thème 1 - L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945)

1ère

THÈME 4 - La Première Guerre mondiale : le « suicide de l’Europe » et la fin des empires européens

Terminale

Thème 1 - Fragilités des démocraties, totalitarismes et seconde guerre mondiale

Chapitre 3 : La Seconde Guerre mondiale

Histoire des arts

Le thème permet aussi un traitement en histoire des arts.

Article de Fanny Prévot

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