Le thème retenu cette année, « Patrimoine culturel, patrimoine naturel », convient particulièrement à la mise en valeur du patrimoine guadeloupéen, qui conjugue de manière exemplaire ces deux notions étroitement imbriquées. Ce thème, qui reflète bien l'extension de la définition du patrimoine au cours des trente dernières années, ouvre donc un large éventail de possibilités en matière d'animations culturelles. (Programme scolaire du vendredi 19 septembre 2014)
La notion de paysage se trouve au cœur des politiques de protection des patrimoines, tant naturels que culturels. Les enjeux d'une bonne connaissance des paysages sont donc nombreux et sont bien pris en compte dans l'Atlas des Paysages de l'archipel Guadeloupe, réalisé par la DEAL et la Région Guadeloupe. Espace naturel et espace habité, le paysage enregistre les données naturelles et physiques de nos régions, et conserve les traces des aménagements humains, témoins d'une histoire sociale, culturelle, économique. Les paysages agro-industriels, les jardins et les paysages urbains de la Guadeloupe et plus largement l'ensemble des pratiques traditionnelles liées aux activités maritimes et agricoles, établissent ainsi un lien entre passé et présent qui pourra être mis en évidence lors de ces Journées du patrimoine.
Si toute œuvre humaine peut être analysée en interaction avec son environnement naturel, l'archipel guadeloupéen est caractérisé par une nature très présente et des écosystèmes riches et variés qui sont parfois en opposition avec les activités humaines. Par ailleurs, cyclones et tremblements de terre ponctuent l'historique des patrimoines bâtis, obligeant si souvent à reconstruire, à repartir de zéro. Cette vulnérabilité n'est pas sans conséquence sur notre perception du patrimoine.
Le patrimoine bâti guadeloupéen révèle également une parfaite utilisation des ressources naturelles et une adaptation au paysage. Ainsi, les vestiges d'habitations permettent souvent une lecture de l'implantation des bâtiments en fonction de leur destination et des ressources disponibles, telles que l'eau, acheminée par des canaux, ou le vent, utilisé pour les moulins.
Chroniqueurs, écrivains, artistes et photographes ont trouvé et trouvent encore dans les paysages guadeloupéens une source d'inspiration intarissable. Paysage chaotique ou maîtrisé, paysage exploité ou sublimé, les visions exotiques, utilitaires, pittoresques, romantiques, identitaires dessinent les contours d'une Guadeloupe toujours réinterprétée. Dans ces imaginaires, les plantes et surtout les arbres – figuier maudit, fromager, gommier, flamboyant, etc. - occupent une place particulière, nimbés d'une aura légendaire. Les roches gravées amérindiennes, qui ont très tôt intrigué les voyageurs, constituent également des « monuments naturels » indissociables de l'histoire de la Guadeloupe.
Les villes, petites communes ou plus grandes agglomérations, ne doivent pas être oubliées dans cette évocation du patrimoine naturel. Elles sont en effet en interaction avec un environnement et un écosystème propres à l'archipel, ouvertes sur la mer et/ou en bordure de mangrove, traversées par des rivières, et en exploitent toutes les ressources.
Ces différents exemples démontrent la vitalité de l'action patrimoniale, aboutissement d'une synergie entre différents acteurs - État, collectivités territoriales et locales, membres de la société civile. Ainsi, les animations proposées lors des Journées européennes du Patrimoine sont l’occasion de mettre en lumière le travail de celles et ceux qui, souvent inconnus du public, œuvrent à la préservation, à la restauration et à l’étude du patrimoine guadeloupéen : les propriétaires privés, les amateurs, les animateurs d’associations culturelles, les entrepreneurs et artisans spécialisés, les chercheurs, ainsi que les personnels des services culturels de l’État et des collectivités.
Séverine LABORIE
Chargée d'études documentaires
DAC Guadeloupe, service Monuments Historiques, Architecture et Musées
Nuage de mot
Arts et Culture