D’où vient que les tableaux de Rembrandt qui nous donnent à voir le clairobscur nous touchent tant ? Sans doute de ce que le séjour le plus propre à l’homme est bien le clair-obscur. Nous ne sommes pas faits pour vivre dans l’ombre : notre besoin de reconnaissance, si grand que nous n’aimons d’autre solitude que provisoire et choisie, nous en arrache toujours et nous fait chercher la lumière. Mais nous ne sommes pas faits non plus pour vivre en pleine lumière ! Parce qu’il n’est pas d’homme sans secrets, l’idée même d’être totalement transparent aux yeux d’autrui nous est sujet d’effroi. Respecter l’intimité, respecter la pudeur d’un homme est donc un devoir. Mais qu’est-ce que la pudeur ? Nous tenterons de la distinguer de notions avec laquelle on la confond trop souvent (la honte, la décence…), et proposerons de la définir comme cette gêne qu’éprouve l’ange en nous à la pensée qu’il est aussi une bête. Nous montrerons son ambiguïté, et même son charme. Nous tirerons enfin de ces analyses l’esquisse d’une petite philosophie du corps, et dirons le rôle fondamental joué par autrui dans le regard qu’un homme porte sur son propre corps : oui, le clair-obscur est bien le véritable séjour de l’homme.
En pièce jointe, l'article d'Eric FIAT
Fichier attaché | Taille |
---|---|
pudeur_et_intiite_par_eric_fiat.pdf | 734.73 Ko |