Le Prix Félix Eboué, concours d’éloquence qui s’inscrivait cette année dans le cadre des commémorations de la naissance d’Henry Sidambarom, avait pour thème : « L’éloquence au service de ses concitoyens ». Les candidats ont déclamé leurs textes devant un jury ravis, en présence du Recteur de l’académie, le 18 avril 2013, au ciné-théâtre du Lamentin. Le journal numérique vous livre le texte de la lauréate : Katleen Marveaux du collège Bois-Rada de Sainte-Rose.
Les finalistes du Prix Félix Eboué et leurs enseignants avec le Recteur de l'académie de la Guadeloupe
L’éloquence au service des autres
Chers membres du jury et chers publics, bonjour ! Je me prénomme Marveaux Katleen. Etant donné que j’ai un esprit scientifique, j’ai remarqué comme tout le monde que nous avons tous un organe constitué par des muscles et qui est doté d’une conception remarquable. Cet organe qui est la langue est également le siège du sens du goût : elle est capable de distinguer entre le sucré et l’acide, le salé et l’amer sans parler du chaud et du froid, pour le plus grand plaisir de l’Homme. Cet organe permet aussi d’articuler tous les sons des centaines de langues parlées de par le monde. Mais ce tout petit membre peut aussi causer un incendie. Permettez-moi de vous poser une question. Que ressentiriez-vous si après avoir fait un cadeau à quelqu’un que vous aimez, vous appreniez qu’il l’a volontairement mal utilisé ? Imaginons que vous lui ayez offert une voiture et que vous découvriez plus tard qu’il a roulé imprudemment et qu’il a blessé d’autres personnes. Ne seriez-vous pas profondément déçus ? La faculté de communiquer par le langage est un don. Ce don, qui distingue la famille humaine du monde animal nous permet d’exprimer à autrui non seulement nos points de vue mais aussi nos sentiments. Cependant tout comme une voiture, ce don du langage peut être mal utilisé. De nombreuses personnes s’en servent aujourd’hui pour mentir ou encore pour calomnier et critiquer durement les autres, ruiner leur réputation ou les escroquer. Avec la langue, les agitateurs politiques de tous bords déclenchent des révolutions. Adolf Hitler a utilisé la sienne pour entraîner une nation dans la guerre : quel redoutable « feu de forêt » ! Aujourd’hui les promesses non tenues par les politiciens font que les citoyens ne font plus confiance à la politique. Comme dit un proverbe indien : « Il n’y a rien de si éloquent que la queue d’un serpent à sornette. » Etes-vous d’accord avec ce proverbe Membres du jury ? Toutefois, je suis ici pour vous libérer de ce dictat moral et pour dépoussiérer l’art du langage aujourd’hui ! J’aimerai revenir au proverbe. Pensez-vous que ce serpent à sornettes peut devenir un cygne majestueux ? Sûrement pas ! Me répondriez-vous. Mais c’est possible ! Voudriez-vous savoir comment ?
Katleen Marveaux pendant sa prestation
Prenons un exemple, quand on joue à la balle ou plutôt quand on jouait à la balle, au football pour les garçons ou au tennis pour les filles car entre temps nous avons pris de l’âge. On lançait la balle de manière à ce que notre partenaire l’attrape facilement. Il ne vous viendrait certainement pas à l’idée de la lui jeter aussi fort qu’elle le blesse n’est-ce pas ? Donc parler avec douceur, avec charme à notre interlocuteur, c’est lui permettre entre parenthèses de « réceptionner » notre pensée. Sommes-nous toujours sur la même route Membres du jury ? Et c’est ça la vraie éloquence, le philosophe ne fait que convaincre, l’orateur, outre qu’il convainc, persuade si il le dit avec charme selon Fénélon. Bien sûr j’ai ajouté ma petite touche personnelle à cette citation. Permettez-moi de vous poser une autre question dont vous connaissez sûrement la réponse : Que veut dire le mot éloquence ? Ce mot provient du latin eloquentia et du mot grec euyttia. J’espère que je les ai bien prononcées ! Ces deux mots veulent dire facilité d’expression et art de la parole soit le mot éloquence comme certains d’entre vous l’on si bien dit. Par contre dites-moi : Que peuvent avoir en commun Martin Luther King, Gadhi et Henry Sidambarom ? Qu’est-ce qui peut les lier sinon qu’ils ont tous défendus une cause, ils ont usés d’une défense universelle : l’art oratoire. Prenons le cas de M. Henry Sidambarom, qui est né le 5 juillet 1863 à Capesterre-Belle-Eau. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il est un grand homme ? Qu’a-t-il fait ? Le 23 février 1904 débuta un long procès au tribunal de Capesterre-Belle-Eau, celui-ci fut gagné en 1923 grâce à M. Henry Sidambarom qui par sa verse brisa les chaînes des Indiens en Guadeloupe. A Washignton en 1968, Martin Luther King proclama un discours qui marqua à jamais l’histoire de l’humanité. Ne connaissons nous pas tous ces quelques mots : « Yesterday, I have a dream » dans laquelle il dénonçait la ségrégation et le racisme envers les noirs. En Inde, se révéla un homme, qui n’a jamais cessé de plaider la réconciliation de deux comunautés qui s’opposaient à savoir les Hindous et les Musulmans. De même, il plaidait partout la non-violence dans un pays déchiré par les guerres religieuses et politiques. Cet homme s’appellait Gandhi. Et il y a en a bien d’autres personnes que vous connaissez peut être et dont vous avez déjà entendu parler comme : Démosthène, Lysias, Andocide ou Socrate qui utilisèrent des techniques oratoires qui ont d’ailleurs traversé les âges ainsi que les cultures. En Grèce, on utilisait cet art pour construire des discours. Cet art était enseigné aussi dans les écoles dans le but d’aider les élèves à acquérir la persuasion et la conviction. Comment peut-on utiliser cet art aujourd’hui, avez-vous la réponse chers jurés ? J’aimerai vous rappeler une chose, selon l’article 10 de la convention des droits européens, nous avons le droit à la liberté d’expression qui se traduit en partie par ce droit à la parole. D’où peut découler une pratique de l’éloquence au service des autres. De nos jours, il y a de nombreuses injustices, nous pouvons les dénoncer en appliquant cet art. En effet, l’éloquence outre qu’elle nous aide à devenir de bons orateurs elle permet de défendre des droits, elle permet aussi d’acquérir l’art de la persuasion, de la conviction, de l’argumentation et de la maîtrise de la langue. Faut-il être riche ou célèbre pour posséder ce diamant ? Bien sûr que non !
Katleen Marveaux interpelle le public
Que nous soyons enfants, adultes ou jeunes depuis longtemps, tous nous pouvons et nous devons prendre possession de ce diamant. Que nous soyons pauvres ou modestes n’hésitons pas à l’utiliser. Tout comme un diamant à besoin d’être entretenu, maintenons le en bon état, en ne l’utilisant pas à des fins négatives ou personnelles. Aussi, j’aimerai vous dire une chose : « je suis inexpérimentée quant à la parole mais je ne le suis certainement pas quant à l’envie et la soif de connaissance. » Je souhaite que plus tard je ferai perpétuer cet art qui me semble aujourd’hui en somnolence et que je l’utiliserai à bon escient notamment au service des autres. Qu’en est-il de vous, cher public ? Utiliserez-vous votre langue pour incendier et alimenter le feu dans une forêt ou pour éteindre ce feu et aider les sinistrés ? C’est sur ces quelques mots, que je vous quitte car je dois retourner à mes études parce qu’il faut que je m’arme et me prépare pour défendre des causes à venir. Merci de m’avoir écoutée. A bientôt.
Elève Marveaux Katleen 3e2 Du Collège la Boucan Sainte-Rose
Hadadja HIPPON (2ème),Kathleen MARVEAUX (1ère)et Marvin BEBEL (3ème)