Histoire de la langue créole à travers les textes anciens en créole du 18° et 19° siecles
Que voyons-nous lorsque nous regardons une image, par exemple une photographie ? La question peut sembler absurde puisque la réponse semble elle-même évidente : ce que nous voyons c’est la reproduction mécanique, par un œil mécanique, comme le disait R Barthes « de ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement » ; ce que nous voyons dans une photographie c’est donc la reproduction indéfinie de ce qui n’a eu lieu qu’une seule fois. Aussi s’accorde-t-on pour dire qu’une image est une re-présentation singulière d’une chose singulière mais en son absence. L’image, en effet, fait voir, elle fait voir à nouveau, ce qui a été là mais n’y est plus : c’est le cas, non pas seulement pour une photographie mais également pour un souvenir par exemple : dans les deux cas on a affaire à une image, image externe et matérialisée pour la photographie et image mentale concernant le souvenir. La spécificité de l’image est donc de montrer son objet, certes, mais en le présentifiant dans ses détails les plus singuliers. En ce sens il est très clair qu’une image est à contempler et à voir et c’est d’ailleurs pourquoi elle ne peut parler. En effet, la parole ne s’adresse pas à l’œil qui ne peut ni entendre, ni écouter, mais à l’ouïe seule. L’œil n’écoute pas mais voit, c’est la raison pour laquelle on a pu légitimement parler de la peinture comme d’une « école du silence ». Bref, à première vue, l’image qui ne peut que montrer et donner à voir, est du côté de l’intuition sensible, du singulier, tandis que la parole qui peut seule dire le général et l’universel est du côté du conceptuel. A la limite l’image peut servir d’illustration pour ce qui est de l’ordre du général et du conceptuel mais nullement le dire. Tout à l’inverse, le singulier semble échapper à tout type de discours, de sorte qu’on ne peut que le montrer par une image.
Pourtant, dire d’une image qu’elle est parlante ne semble pas être une totale absurdité. N’y a-t-il pas, par exemple, un sens à dire d’une image mensongère qu’elle parle ? Et par l’arrangement interne de son contenu, par le mode de traitement de la situation qu’elle présente et donne à voir, une peinture ne peut-elle nous parler de la joie de vivre comme dans Les fêtes Galantes, de la folie comme dans La nef des fous ? C’est qu’en fait une image est parlante au sens ou l’on dit qu’elle est suggestive, elle donne à penser. Seulement, il est difficile d’entendre parler une image car son langage nécessite un apprentissage et une étude de sa grammaire. A cette condition il est possible de dire que « l’œil écoute » et que l’image lui parle, que l’image donne à penser en donnant à voir.
Nous avons donc un problème clair puisqu’il n’y a pas seulement une différence entre ces deux perspectives mais une opposition réelle: ou bien nous disons, en effet, qu’il est impossible qu’une image parle et dans ce cas elle s’oppose au concept et à la pensée dont relève la parole; ou bien il n’en est rien mais alors il faudrait montrer en quoi il y a une grammaire de l’image qui nous autorise à dire qu’elle parle à l’œil.
La suite de l'intervention en pièce jointe
La prochaine demie-journée de préparation à l'agrégation interne de philosophie aura lieu mercredi 8 octobre prochain au lycée général et technologique Baimbridge, boulevard des Héros aux Abymes.
Après la première séance de mercredi 24 septembre consacrée à la dissertation sur la notion de "réel", c'est au tour de l'étude de texte sur la notion de "langage" qui fera l'objet des travaux du jour. Plus précisément deux textes seront présentés par Jenner Bedminister et Yannick Louarn. Benjamin Mamie et Gaëlle Lorrain seront de jury.
S'il s'agit d'une séance de préparation à l'agrégation interne de philosophie, elle n'est pas seulement réservée aux inscrits du concours.
Pour rappel : les inscriptions aux concours sont actuellement ouvertes et le seront jusqu'au 21 octobre prochain.