Festival international de géographie à St Dié 2008.

Festival international de géographie à St Dié 2008.

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Soucieuses de développer des passerelles entre les collèges et les lycées, Mmes Chalcou IA-IPR, et Etzol IEN-ET, ont souhaité qu'un enseignant de collège et un enseignant de lycée professionnel participent au FIG (Festival international de Géographie). Les deux coauteurs de cet articles ; Valérie Hugues (collège de Sainte-Anne) et Hubert Varasse (LP Augustin Arron), tout juste rentrés de St Dié, font le bilan de leur séjour et sur les dernières « news » de ce qu'il faut savoir sur la façon d'envisager les nouvelles conflictualités d'un monde qui serait devenu « un champ de bataille unique".Tout d'abord quelques remerciements aux habitants de St Dié, les Déodatiens et oui, qui nous ont accueilli chaleureusement et ce d'autant que tous les hôtels étaient complets à trente km à la ronde depuis plusieurs semaines. Et oublions que la météo nous ait réservé trois jours de froid et même de grêle alors que le reste la France hexagonale connaissait un été indien tardif.

Toutes les sommités de la planète géographie se sont donc retrouvées à Saint Dié, petite ville vosgienne érigée une fois par an en « Mecque de la géographie ». Le thème retenu pour cette 19è édition du FIG, qui s'est déroulée du 2 au 5 octobre 2008 était : « Entre guerres et conflits, la planète sous tension ». Un pays invité, le Japon.   Un constat s'impose : la paix mondiale n'est qu'apparente. Si le nombre des conflits n'est pas en augmentation depuis une décennie, la conflictualité, elle, se développe et il est difficile de tracer une frontière entre crises, tensions et guerres. Le contexte géopolitique actuel serait davantage celui d'un monde instable qui perd ses repères et en crée de nouveaux : les sources de conflits sont multipliées, la crise financière internationale ne cesse de s'étendre, les nouvelles aires de puissance s'affirment, et fait surprenant, une conscience sociale globale essaye d'émerger...Par exemple, si l'on s'en tient au nombre d'individus tués par exemple, on s'aperçoit que les accidents domestiques ou routiers à l'échelle d'un pays, voire de régions ou de la planète, font aujourd'hui autant de victimes que les guerres. De plus, les violences sont plus le fait de crises intra étatiques que de conflits entre Etats comme le souligne J Levy en citant ses sources dont est extrait ce graphique : http://www.humansecurityreport.info

Cependant si tout peut s'étudier localement, rien ne doit être dissocié de son contexte mondial. La géographie doit permettre de décrypter, comprendre et mettre en perspective ces situations de belligérance. Si « la géographie sert à faire la guerre », comme l'écrivait Y Lacoste il y a une trentaine d'année, elle peut aussi servir à préparer la paix. C'est un peu ce qu'ont voulu démontrer les universitaires chercheurs et auteurs qui ont animé une centaine de conférences, tables rondes ou présentation d'ouvrages tout au long de ce festival. Les problématiques soulevées doivent sans aucun doute nous guider dans la mise en œuvre de nos programmes de collège et de lycée tant les phénomènes de guerre et de tensions sont récurrents en histoire et en géographie pour peu qu'on les considère dans une acception large et novatrice. En effet, on doit envisager la guerre économique, les conflits commerciaux, la guerre des monnaies, les crises alimentaires et leurs émeutes récentes, les guerres de l'environnement, la guerre par le prisme de l'arène sportive. Que devient le territoire de la guerre ? Peut-on parler de guerre déterritorialisée ? Et les armes ? Aux armes conventionnelles s'ajoute l'arme des médias et surtout celle des nouvelles technologies. On parle alors de cyber guerre. La mondialisation donne une nouvelle image de la guerre et surtout transforme les champs de bataille. La mondialisation est-elle intrinsèquement conflictuelle ? Peut-elle aussi favoriser la mise en place d'un cadre régulateur global ? Crise géorgienne, crise des surprimes : une gouvernance mondiale pluridimensionnelle s'impose. Pour en savoir plus, consultez Les Actes du festival qui commencent à être mis en ligne sur http://fig-st-die.education.fr. Visitez ce site sans attendre, vous y trouverez aussi les Actes des précédents festivals qui constituent une véritable mine d'articles et de documents variés et récents qui alimenteront vos séquences et vous permettront de garder un contact avec l'épistémologie de la géographie.  

EDUGEO, c'est ainsi que se nomme l'outil qui va révolutionner l'enseignement de la géographie dans nos classes. Fruit de la collaboration entre l'Education nationale et l'IGN ce nouvel outil propose de nombreuses ressources et possibilités ainsi qu'un espace de partage. Un travail particulier a été réalisé à partir de 30 zones géographiques qui couvrent la quasi intégralité du territoire (DOM TOM compris), sur lesquelles on disposera de nombreuses données (photos, cartographies anciennes et récentes mises à échelle superposables). L'outil croquis est très performant. Par ailleurs un espace de travail permet de proposer un travail interactif aux élèves, de publier des projets ou d'échanger sur le forum. De nombreuses perspectives s'offrent ainsi aux utilisateurs : annoter une carte ou une photo aérienne, réaliser un croquis élémentaire, télécharger des données sur la base d'une zone pédagogique par académie, mais aussi développer des espaces de partage de travaux pédagogiques. Les professeurs disposent maintenant d'un outil, de qualité professionnelle, qui leur permet d'expliquer l'organisation et l'évolution du territoire national, pour en faire comprendre les enjeux, en particulier ceux liés au développement durable. Un site à découvrir le plus rapidement donc. Sa version d'évaluation est gratuite jusqu'à la fin de l'année. Une démonstration complète est disponible sur le site www.edugeo.fr vous pourrez demander à votre chef d'établissement de procéder à l'inscription. Attention, à partir de janvier cette dernière sera payante, environ 500 euros/an car cet outil très performant a généré d'importants coûts de production. Des négociations entre l'Education nationale et les collectivités sont en cours pour envisager des abonnements groupés. A suivre. N'attendez pas pour découvrir cet outil à la fois ludique et d'une surprenante efficacité, c'est véritablement l'outil dont nous avions tous rêvé ! Bibliographie subjective en provenance du salon du livre qui se tenait durant le festival. Certains auteurs étaient présents et en général chaleureux et accessibles :

Sur la mondialisation

- « L'invention du monde : une géographie de la mondialisation », sous la direction de J Levy, sciences po presse, 2008. Cet ouvrage permet une approche novatrice du phénomène de la mondialisation tant au niveau des concepts que des outils utilisés par le géographe qui doit comprendre dynamiques et les enjeux spatiaux générés par la mondialisation. Selon J Levy, le monde est un espace social multidimensionnel global et total. La mondialisation relève d'un processus historique inachevé et d'une géographie différenciée. C'est un événement historique, économique et culturel qui différencie les espaces. Afin de mieux percevoir les réalités d'échelle mondiale et d'inscrire sa démarche dans une approche spatiale l'auteur propose des outils spécifiques : les cartogrammes qui doivent permettre une meilleure lecture et compréhension de la mondialité. Ce qui est novateur est l'utilisation de deux données statistiques combinées (fuseaux horaires et peuplement, voir p 17) afin de rendre compte par le prisme déformant des anamorphoses la réalité quotidienne de « l'habiter » des longitudes et de l'inégal remplissage des fuseaux horaire. Le mieux, c'est encore de mettre son nez dans cet ouvrage et ne pas hésiter à le lire dans le désordre, par thèmes et revenir dedans car il chamboule un peu notre façon d'envisager la mondialisation et aussi la géographie. L'intérêt de l'usage de des cartogrammes est bien expliqué dans le n°77 en ligne de Mappemonde : http://mappemonde.mgm.fr/index.html , article de D Andrieu.

- « la mondialisation : genèse , acteurs et enjeux », L Carroué, D Collet, C Ruiz, Bréal, 2005. Cet ouvrage plus ancien est sans doute plus accessible dans le sens où il permet de comprendre rapidement la génèse, les acteurs et les enjeux de la mondialisation à partir de chapitre sous forme de fiches, des documents statistiques variés et clairs et surtout des synthèses concises. Les auteurs favorisent l'approche économique du phénomène de la troisième mondialisation ce qui mine de rien permet d'avoir de solides bases pour comprendre la crise financière actuelle. Par ailleurs, il ne faut pas faire l'impasse de son volumineux article sur la crise financière déjà en ligne sur le site des actes de St Dié.

Sur la guerre économique et crise financière

- « images économiques du monde2009 », F Bost et L Caroué, A Collin, 2008. - « Le défi chinois », T Sanjuan, doc photo, juillet/août 2008.

Sur la notion du développement durable

- « atlas des développements durables », collection Autrement, dirigé par Y Veyret et P Arnould, 2008 : Le développement durable induit-il de nouvelles conflictualités ? Faut- il voir dans cette notion une source d'angoisse, de problèmes, ou au contraire un formidable potentiel ? Cet ouvrage se propose de « repérer les lignes de force d'un monde fragmenté, inégalitaire mais aussi foisonnant d'expériences porteuses d'innovation ». Il s'agit de démontrer qu'il est possible de concilier l'économique, le social et l'écologique dans la construction de nouveaux modèles de développement. Vous trouverez dans cet atlas les contributions plusieurs géographes qui proposent des cartes ou des infographies pertinentes pour visualiser et mieux appréhender acteurs et enjeux des développements durables.

Sur la conflictualité

- « Arctique : l'autre guerre froide », Courrier International, n°935, 2 au 8 octobre 2008, p10 à 16. Cet article présente les différents enjeux qui se jouent dans cette région depuis le retrait progressif de la banquise. - « famine et politique », S Brunel, presse sciences po, 2002

Sur le Japon  

- « le japon », TDC, n°960, 2008, avec de nombreux articles de P Pelletier, présent au FIG et à la conférence introductive sur le japon. « Le japon est-il fini ? » ou comment en finir avec les préjugés sur le pays du soleil levant.   Pour se détendre et s'amuser   - « la planète dysneylandisée », S brunel, Edition sciences humaines, 2006 - « A qui profite le développement durable ? » S Brunel, Larousse, 2008 A lire avec distance car ce ne sont pas des ouvrages scientifiques mais écrits par une grande géographe qui porte un regard critique et parfois amusant sur les concepts de la mondialisation et du développement durable.