CLEMI

« Vivre ensemble – L’égalité filles/garçons dans les pratiques sportives »

 

Journée des Droits de l’Homme, journée de la Laïcité, année du sport de l’Ecole à l’Université

LGT Les Droits de l’Homme - 10 décembre 2015

Cent-soixante élèves de 1ère et 2nde ont mené une réflexion sur les inégalités dans le sport à partir de leurs propres réactions. Après avoir découvert le thème de la journée, les élèves ont été invités à s’exprimer à travers des jeux de rôles proposant par exemple à un jeune garçon de devoir annoncer à sa famille qu’il venait de s’inscrire dans un cours de danse classique… Ainsi l’équipe enseignante a choisi de les amener à réfléchir sur les inégalités qu’ils pouvaient percevoir dans le domaine du sport à partir de leurs propres réactions.

Les élèves ont ensuite à construire le « mur des idées reçues », les filles devant écrire et afficher ce qu’elles pensent des garçons quand ils font du sport et les garçons à propos des filles. Des stéréotypes sont rapidement apparus, tout comme lorsqu’ils ont pu s’exprimer librement dans l’organisation des plusieurs « débats mouvants », où les élèves devaient prendre position et exprimer leurs arguments face à des affirmations lancées par les animateurs du débat. Cette formule réclame à la fois de se positionner, d’argumenter mais laisse aussi la possibilité de changer de camp selon ce que l’on entend. Ces actions interactives ont permis d’apporter aux élèves des données sociologiques et des repères scientifiques qui sont venus illustrer les vraies inégalités qui peuvent exister entre les filles et les garçons, dans le sport, les études ou la vie en général.
Tous ont pu découvrir, souvent avec étonnement, que les filles sont bien plus nombreuses à ne pas savoir nager, que 2/3 des bénéficiaires de l’offre de loisir public sont des hommes, que les retransmissions sportives à la TV ne s’intéressent au sport féminin que pour 7% d’entre-elles, qu’en Guadeloupe toutes ces différences sont encore plus accentuées. Chiffes et références à l’appui !
Les connaissances ont été élargies à d’autres champs : réussite dans les études, inégalités salariales, vie civile et vie politique, mettant ainsi en lien des données, des preuves irréfutables, et des stéréotypes qu’ils venaient eux-mêmes d’exprimer dans leurs débats riches et très animés. L’analyse des questionnaires recueillis en fin de journée révèle que ces stéréotypes ont bien été perçus. Les filles beaucoup utilisé cet espace d’expression écrivant bien plus que les garçons. Elles ont été très nombreuses à oser un discours revendicatif, rappelant très souvent dans leurs réponses, les chiffres données par les intervenants. La journée s’est finie sur la découverte de pratiques sportives a priori sexuées (rugby, boxe française, gymnastique avec engins, …) pour montrer cette fois que la mixité ne vaut pas égalité. Mettre en effet filles et garçons ensemble n'est pas un gage d'égalité pour les filles. Alors que l'on a souvent pensé le contraire, c’est-à-dire considérer ceci comme un début de solution vers l'égalité. Rechercher donc systématiquement la mixité dans des travaux de groupe ou des activités collectives, n'a pas toujours d'intérêt et surtout ne suffit pas.
 Pratiquer avec leurs professeurs de toutes disciplines les a d’ailleurs beaucoup motivés. Les garçons ont affirmé dans leurs questionnaires avoir pris plaisir à pratiquer ces activités nouvelles, en observant du coin de l’œil les filles, très investies, qui ont tenu à prouver leurs compétences et leur énergie face à tous les stéréotypes apparus lors des ateliers précédents.

Cette opération rappelle que toute discipline peut faire vivre la laïcité. L’égalité filles/garçons dans le sport pose bien évidemment le problème des inégalités homme/femme. L’article 9 de la Charte de la Laïcité impose la nécessité de lutter contre toutes les discriminations. L’article 7, assurant « aux élèves l’accès à une culture commune et partagée » oblige à revoir certaines positions professionnelles, qui consistent parfois à réserver en EPS certains enseignements plutôt aux filles ou plutôt aux garçons. La différenciation mène parfois à proposer des modes d’entrée ou d’intervention réservés aux uns plutôt qu’aux autres bien souvent selon le sexe des élèves : compétition pour les garçons, coopération pour les filles, arbitrage réservé aux garçons, vocabulaire adapté aux pratiques supposées de chacun, recherche esthétique réservée aux filles, … .

Pour certains parents, et même certains acteurs de l’éducation, les pratiques sportives font débat et ne peuvent d’adresser à tous. La culture fait toujours débat ! Et l’EPS a l’ambigüité de devoir enseigner des pratiques culturelles. Cependant les programmes nationaux ne peuvent être discriminants et sont donc non négociables. C’est un des fondements de l’école laïque. La société est très inégalitaire dans l’accès à la culture sportive. L’Ecole doit veiller à ne pas l’être, l’article 6 de la charte précise : « La laïcité (…) protège [les élèves] (…) de toute pression qui les empêcherait de faire leurs propres choix »  faisant écho à Fernand Buisson qui construisant cette école laïque justifiait les programmes nationaux et identiques pour tous comme éléments émancipateurs.
Et s’adressant comme un professeur aux élèves : « compare et choisis toi-même ».
Ainsi comme l’indique l’article 15 de cette charte, qu’il faut voir comme un outil et non une affiche à lire, « par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement ». Ce fut l’esprit de cette opération qu’il faudrait sans doute améliorer mais qui nous a montré que les élèves sont très motivés et particulièrement actifs dans ces débats encadrés.Cette journée a permis aux élèves de contribuer « à faire vivre la laïcité (…) par leurs réflexions et leurs activités » (art.15).